Un code, six chiffres, et tout l’avenir d’une personne âgée peut se jouer. Le GIR, ce n’est pas un jargon administratif de plus : derrière chaque niveau, il y a des vies, des choix, parfois des renoncements. Et pour les familles, une boussole qui oriente vers l’APA, l’aide à domicile ou les établissements adaptés.
Les différents niveaux de GIR
Le GIR, pour Groupes Iso Ressource, mesure à quel point une personne âgée dépend d’autrui pour accomplir les gestes ordinaires du quotidien. C’est un repère incontournable dès qu’il s’agit d’ouvrir des droits ou d’organiser l’accompagnement. Ce classement compte six paliers, du plus lourdement dépendant à l’autonomie quasi complète.
Le GIR 1
Dans cette catégorie, on retrouve les personnes âgées les plus fragiles. Leur autonomie, tant physique que psychique, est très réduite. Elles ont besoin d’une surveillance constante, souvent assurée par des professionnels de santé. Se lever, se nourrir, se laver : chaque geste requiert une intervention extérieure.
Le GIR 2
Ici, deux profils coexistent. Certains seniors n’ont que de légers troubles cognitifs mais sont très dépendants physiquement. D’autres, au contraire, présentent une forte dépendance psychologique mais sont encore mobiles. Dans tous les cas, une présence continue à leurs côtés est nécessaire, pour les actes élémentaires comme pour le suivi médical.
Le GIR 3
Ce groupe réunit des personnes dont l’esprit reste alerte, mais dont le corps ne suit plus. Elles peuvent souffrir de difficultés à se lever, à se déplacer ou à assurer leur toilette. Une aide régulière à domicile devient alors indispensable pour préserver un minimum de confort et de dignité.
Le GIR 4
Ce niveau concerne des personnes capables de marcher ou de se déplacer seules, mais qui rencontrent un obstacle majeur au moment de changer de position : s’asseoir, passer du lit au fauteuil, se lever. L’assistance est surtout requise lors de ces « transferts », pour éviter les chutes ou l’épuisement. L’autonomie reste partielle, mais un accompagnement ciblé s’impose.
Le GIR 5
À ce stade, les seniors gèrent l’essentiel de leur quotidien, mais certaines tâches deviennent un défi. Aller faire les courses, préparer les repas, nettoyer… L’aide se concentre sur les activités domestiques et la toilette, permettant à la personne de rester chez elle malgré quelques faiblesses.
Le GIR 6
Ce dernier groupe regroupe les personnes âgées qui conservent de bonnes capacités, tant physiques que mentales. Elles n’ont besoin que d’un petit coup de pouce, par exemple pour porter les sacs de provisions ou en cas de fatigue passagère. Elles vivent à domicile, en autonomie, tout en bénéficiant parfois d’un soutien ponctuel.
Comment connaître le groupe Iso Ressources d’une personne âgée ?
Pour déterminer le GIR d’un proche, il faut s’appuyer sur l’expertise de professionnels spécialisés. Lorsque les déplacements sont impossibles, le CLIC (Centre local d’information et de coordination gérontologique) peut intervenir à domicile. Si la personne concernée se rend facilement à l’extérieur, l’évaluation est généralement réalisée par une équipe médico-sociale du conseil départemental. Et dans le cadre d’une hospitalisation, c’est le médecin coordonnateur ou conventionné qui s’en charge.
L’admission en USLD (Unité de soins de longue durée) ou la demande d’une place en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ne pourra avancer sans la présentation d’un diagnostic GIR. Ce passage obligé conditionne l’accès à de nombreuses aides et dispositifs, une étape à ne pas négliger.
Les critères d’évaluation pour le GIR
Pour situer précisément le niveau de dépendance, dix critères sont systématiquement examinés lors de l’évaluation médicale. Voici les domaines pris en compte :
- La capacité à communiquer et à agir en cohérence avec les règles sociales
- La faculté à se déplacer sans difficulté, s’orienter et se repérer
- La possibilité d’assurer sa toilette sans assistance
- L’aptitude à s’habiller et à se déshabiller de manière autonome
- La capacité à se nourrir seul
- La gestion des éliminations fécales et urinaires
- La faculté à s’allonger, dormir, se mettre debout ou s’asseoir selon ses besoins
- Le déplacement à l’intérieur du domicile
- Le déplacement à l’extérieur de chez soi
- La faculté de demander de l’aide en cas de besoin ou d’urgence
Pour chaque domaine, trois degrés sont distingués. Le niveau A correspond à une autonomie totale, la personne réalise l’acte sans aide. Le niveau B signifie qu’elle accomplit partiellement la tâche, et le niveau C indique une incapacité à la réaliser par elle-même. Cette grille de lecture permet d’affiner les aides proposées et d’adapter l’accompagnement, au plus près des besoins réels.
Au fond, le GIR n’est pas qu’un chiffre. C’est un portrait en creux de la vie quotidienne, un outil pour mieux vieillir sans renoncer à ses repères ni à sa dignité. Face à la dépendance, la nuance et la précision font toute la différence.

