Gilets Jaunes, les français discutent des blessures par les armes antiémeutes

Les blessures effrayantes causées par les fusils antiémeutes de la police française pendant les manifestations des Gilets Jaunes ont déclenché la colère et les appels pour que l’arme soit interdite.

40 personnes ont été gravement blessées par les lanceurs LBD (lanceur de balle défensive), connus des manifestants sous le nom de « flash-balls ». Un homme est sorti du coma six jours après avoir reçu une balle dans la tête. Depuis le début des manifestations des « Gilets Jaunes » en novembre, 3 000 personnes ont été blessées, voire mutilées et des milliers d’autres arrêtées.

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Les rassemblements pacifiques ont parfois pris fin dans la violence et le vandalisme. 1 000 policiers sont comptés parmi les blessés et 10 morts ont été liés à ces troubles. Neuf accidents de la circulation et une femme de 80 ans est morte après avoir été frappée au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait les volets de son domicile.

Que sont les flash-balls ?

Le LBD40 est décrit comme une arme non létale qui a en fait remplacé l’ancien « flash-ball » en France. Mais cet ancien nom est toujours largement utilisé.

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Il tire des granulés de caoutchouc ou de mousse de 40 mm à une vitesse pouvant atteindre les 100 m par seconde. L’on peut dire qu’il ne vise pas uniquement à casser la peau.

Cependant, certains des récits de personnes touchées par ces « flash-balls » ont été choquants.

Quelle est la gravité des blessures ?

Le pompier volontaire Olivier Béziade, âgé de 47 ans, a été blessé par balle dans la tempe au cours d’une manifestation organisée le 12 janvier à Bordeaux. Une vidéo tournée le jour-même l’a surpris en train de fuir la police, puis de s’effondrer dans la rue, le visage couvert de sang. Il a été emmené à l’hôpital, soigné pour une hémorragie cérébrale et laissé dans un coma artificiel d’où il est sorti vendredi. Il était l’un des cinq blessés graves ce jour-là seulement.

Beaucoup de blessés sont jeunes. Une adolescente, Lilian Lepage, a été touchée au visage à Strasbourg le samedi suivant et a été blessée à la mâchoire. Sa mère a déclaré qu’elle faisait ses courses dans le centre-ville lorsqu’un policier lui a tiré dessus.

Deux écoliers ont été grièvement blessés par des balles à balles flash lors de manifestations distinctes le mois de décembre dernier.

Les militants disent qu’une douzaine de personnes ont perdu un œil, bien que les détails n’aient pas été corroborés.

Étienne Noël, avocat de certaines victimes, a déclaré que beaucoup avaient été mutilées. Il a ajouté que la police n’avait pas reçu une formation suffisante pour utiliser les pistolets anti-émeute et que de nombreuses victimes avaient été touchées à la tête.

Que disent les autorités françaises ?

Quelques jours après les incidents de Bordeaux, la police avait indiqué que les armes à feu ne seraient utilisées que dans les cas où les forces de sécurité seraient confrontées à la violence ou si elles n’avaient aucun autre moyen de défense. Seuls le torse et les membres supérieurs ou inférieurs pourraient être ciblés.

Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a déclaré le jeudi de la même semaine devant le Sénat français que le recours à la force par la police était toujours proportionné et soumis à des conditions très strictes et contrôlées.

« Si la police n’avait pas utilisé ces moyens de défense, certains d’entre eux auraient peut-être été lynchés », a-t-il déclaré.

La Cour européenne des droits de l’homme a rejeté l’interdiction temporaire des flash-balls le mois dernier, dans une affaire intentée par plusieurs personnes qui auraient été frappées par des flash-balls.