Certains investisseurs placent leur argent dans des actifs à rendement inférieur à l’inflation. Des entreprises construisent leur stratégie sur un retour sur investissement négatif plusieurs années d’affilée, et continuent pourtant d’attirer les fonds. L’idée d’une rentabilité immédiate comme boussole absolue perd alors du terrain.
Dans quelques secteurs, la croissance, la visibilité ou la conquête deviennent prioritaires. Les repères financiers classiques, le ROI en tête, glissent alors à l’arrière-plan au moment de juger les résultats.
Retour sur investissement : un indicateur incontournable ou surévalué ?
Le réflexe de tout ramener au ROI reste bien ancré. Chez les investisseurs institutionnels, rares sont ceux qui n’exigent pas de projections chiffrées, voire des promesses écrites de rendement. Pourtant, la rentabilité immédiate d’un projet ne renseigne ni sur sa portée stratégique ni sur sa solidité face aux imprévus. Un investissement dans des infrastructures, des innovations ou des actions sociales ne livre parfois ses fruits qu’après des années, parfois même sans que l’on puisse chiffrer le bénéfice exact.
Le ROI ne capture ni la valeur sociétale d’un projet, ni la capacité à transformer un secteur. Juger la réussite d’un investissement uniquement par son retour immédiat, c’est risquer de négliger des bénéfices indirects, ou encore les risques évités. Les entreprises qui investissent dans la transition écologique ou dans l’égalité sociale font parfois face à des bilans financiers décevants à court terme, mais se dotent d’une crédibilité et d’une place sur le long terme.
Voici ce que le ROI ne dit pas, ou mal :
- Indicateur : le ROI calcule un rapport gains/coûts, mais reste muet sur la qualité du projet.
- Le ROI retour investissement met l’accent sur ce qui est immédiat, au détriment d’une vision à horizon lointain.
- Une logique de rentabilité rapide peut étouffer la prise de risque et l’inventivité.
La réalité demande d’élargir la focale. Le retour investissement indicateur doit s’articuler à d’autres critères : impact environnemental, alignement stratégique, création de valeur collective. L’exigence de sens prend le dessus sur la seule performance comptable. Plus question d’une formule magique : il s’agit d’évaluer, d’arbitrer, de mettre en regard chiffres et convictions.
Comprendre le ROI : définition claire et méthode de calcul accessible à tous
Le retour sur investissement (ou ROI) marque souvent le point de départ pour jauger la rentabilité d’un projet. Derrière l’acronyme, une logique directe : combien rapporte chaque euro injecté, une fois retiré le montant investi, puis ramené à la somme de départ.
Voici la formule du ROI, sans détour :
ROI = (gain de l’investissement, coût de l’investissement) / coût de l’investissement
L’opération tient en une soustraction puis une division. Le gain de l’investissement, c’est la somme générée : recettes, économies, flux de trésorerie positifs. Le coût initial englobe tout : achat, entretien, salaires, frais annexes.
Imaginons un équipement acheté 10 000 euros et générant 12 500 euros de revenus sur la période étudiée. Le calcul du retour sur investissement donne alors : (12 500, 10 000) / 10 000 = 0,25, soit 25 %. En clair, chaque euro investi a rapporté 25 centimes de plus.
Derrière cette simplicité se cachent des subtilités. Quels coûts retenir, sur quelle durée, avec quelle fiabilité des projections ? La moindre variation change le résultat. Un calcul précis du ROI réclame donc méthode et prudence, tout en gardant à l’esprit l’incertitude propre à chaque projet.
Au-delà des chiffres : pourquoi le ROI ne suffit pas toujours pour juger un investissement
Le retour sur investissement fascine parce qu’il promet de tout résumer en un chiffre. Pourtant, la richesse des projets ne se laisse pas réduire à une seule opération. Lorsque vient le temps de décider, d’autres dimensions pèsent et échappent à cette logique comptable.
Certains bénéfices non financiers passent sous le radar du ROI. Une campagne marketing qui renforce la notoriété ou la fidélité ne génère pas toujours des euros visibles dans l’instant, mais prépare le terrain pour la suite. Le coût d’opportunité s’invite aussi dans la réflexion : investir dans un projet, c’est renoncer à d’autres pistes, parfois plus profitables, parfois non mesurables.
Il faut aussi évoquer les risques. Un projet affichant un ROI flatteur peut cacher une forte volatilité ou des incertitudes réglementaires. À l’inverse, un investissement jugé modeste sur le papier peut renforcer la solidité de l’ensemble, en diversifiant les activités et en absorbant mieux les chocs.
Pour affiner l’analyse, on mobilise d’autres outils : le taux de rendement interne, l’étude des flux de trésorerie futurs. Ces approches révèlent la dynamique du projet sur le temps long. Prenons l’exemple d’un investissement dans l’économie d’énergie : ici, la rentabilité ne se limite pas à l’équilibre de la première année, mais s’étend aux bénéfices écologiques et à la maîtrise durable des dépenses.
Pour mieux cerner ces angles morts, on peut retenir :
- ROI : utile, mais loin d’être une boussole universelle
- Prise de décision : arbitrage entre risque, opportunité et vision de long terme
- Bénéfices non financiers : effet sur la réputation, sur l’environnement, sur la société
Cas concret : le rôle du ROI dans la franchise alimentaire et ses limites
Dans le secteur d’activité de la franchise alimentaire, le retour sur investissement demeure un filtre initial. On compare, on évalue, on rassure : un investissement rentable est souvent associé à un ROI supérieur à 10 % sur trois ans, référence partagée par de nombreuses enseignes. Les candidats à la franchise s’appuient sur ce repère pour espérer des flux réguliers et une certaine stabilité.
Mais le terrain rappelle vite à l’ordre. Dès que la complexité s’invite, les limites du ROI sautent aux yeux. Certains franchisés voient leur retour sur investissement fondre à cause de la hausse des matières premières ou d’une concurrence imprévue. D’autres tirent leur épingle du jeu grâce à des éléments invisibles dans les tableaux Excel : bon emplacement, force du réseau, qualité des équipes sur place. Le ROI ne sait ni mesurer la résilience d’un point de vente, ni anticiper une crise sanitaire ou une évolution brutale du marché.
Plusieurs constats s’imposent :
- Le ROI donne un chiffre, mais ne dit rien de la robustesse du modèle.
- La rentabilité affichée masque parfois des failles structurelles.
- L’investissement rentable dépend aussi de l’agilité et de la capacité d’adaptation de l’entrepreneur.
Un bilan financier peut rassurer, mais il ne raconte pas tout : la fidélisation des clients, la capacité à innover, la possibilité d’absorber un choc imprévu. La franchise alimentaire illustre de façon flagrante que le ROI, seul, ne suffit pas à juger la réussite d’un investissement. Au fond, le chiffre ne remplace jamais l’expérience du terrain, ni l’intuition qui fait la différence lorsque tout vacille.